Angers (49) L’avenue et le square Jeanne-d’Arc sont devenus un lieu de vie végétalisé
Dans le prolongement du jardin du Mail, la capitale du végétal, Angers, a réaménagé un linéaire de plus d’un kilomètre, désormais couvert à 70 %de plantes. Un espace méconnu donné à voir aux visiteurs de la première édition de Vegetal Connect !
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
L’avenue et le square Jeanne-d’Arc n’étaient pas des lieux très connus à Angers (49). Récemment totalement réaménagé, ce site, qui se situe face à la mairie, juste derrière le jardin du Mail, gagne désormais en notoriété. Il a été récompensé d’une Victoire du paysage cette année et a fait l’objet d’une visite technique à l’occasion de la journée Vegetal Connect, organisée le 9 septembre dernier (lire Le Lien horticole n° 1109 d’octobre 2021, page 6).
En 2015, lorsque Christophe Béchu, le maire, alors dans son premier mandat, décide de lancer son réaménagement, il s’agissait d’une allée de platanes vieillissants et demandant de plus en plus de soins (ils avaient été installés en 1891, en remplacement d’ormes datant de la création de l’allée, au xviie siècle), plantés dans un sol de sablon. L’objectif est alors d’en faire un axe plus ouvert, accessible aux piétons et aux vélos, tout en y apportant plus de végétalisation et de nature.
Une quarantaine de maîtres d’œuvre ont participé au concours lancé par la Ville d’Angers. Finalement, Ilex paysage + urbanisme sera désigné mandataire de l’ensemble des entreprises ayant travaillé sur le chantier. En 2018 est livré un aménagement linéaire de plus d’un kilomètre de long, composé d’une allée centrale bordée de deux chemins de rive de deux mètres de largeur en béton désactivé. Le linéaire est accompagné d’un double alignement de tilleuls à petites feuilles et ponctué tous les cinquante mètres de placettes dont le sol est réalisé en barrettes de calcaire aux joints enherbés. Celles-ci constituent des sortes de « salons » offrant des lieux de pause pour les promeneurs. Chacune est plantée d’un arbre différent de l’espèce de l’alignement.
Le tilleul, un choix en concertation avec les riverains
Le choix des tilleuls pour constituer l’alignement d’arbres a été réalisé en concertation avec les habitants et l’architecte des Bâtiments de France. L’option a tout d’abord été prise de ne planter que deux rangées et non pas quatre comme à l’origine, pour éviter des tailles en rideau fastidieuses et limiter l’aspect sombre du site. Ensuite, six essences ont été proposées aux riverains, qui ont pu aller voir des alignements de ces espèces âgées d’une vingtaine d’années. C’est à la suite de cette démarche que le tilleul a été retenu. Pour la petite histoire, l’espèce qui avait été mise en balance avec le platane lors de la plantation de 1891 !
Les arbres ont été plantés tous les dix mètres, dans une fosse continue de trois mètres sur un et remplie de terre végétale amendée ou de mélange terre-pierre au niveau des placettes, qui sont forcément plus fréquentées.
Autour de ces arbres et entre les allées du site, des prairies fleuries ont été semées. Elles sont profilées et drainées de manière à servir de noues de collecte des eaux de pluie. Elles récupèrent l’essentiel des eaux rejetées par les nombreux bâtiments qui sont installés de part et d’autre du square. Autour des placettes équipées de fauteuils et bancs, des haies d’arbustes sont plantées. Elles sont largement constituées de sept espèces d’Hydrangea, un genre dont la ville possède la collection nationale, mais aussi d’Abelia ou Sarcococca.
Un allotissement choisi pour favoriser les approvisionnements locaux
Pour l’approvisionnement du chantier, la Ville souhaitait favoriser le local et a alloti le chantier de manière à favoriser les entreprises de la région. Cinq lots ont été définis au départ, VRD*, béton désactivé, paysage, éclairage et végétaux. Un sixième, l’arrosage, a été ajouté par la suite. De cette façon, Pépinières Chauviré, à Montrevault-sur-Èvre (49), a pu fournir les 154 tilleuls qui ont été plantés. Un lot important pour cette entreprise : les arbres ont été livrés en deux tailles, 16/18 et 18/20, pour une plantation qui reste un peu hétérogène trois ans plus tard, mais sans remettre en cause l’esthétique globale.
Les prairies fleuries sont fauchées une fois par an, en fin d’été, les végétaux sont laissés en place trois jours pour que les graines puissent tomber et recoloniser, puis exportés pour éviter le colmatage des noues (elles absorbent 95 % des eaux de ruissellement).
La peur de l’arrivée de nouveaux usagers s’estompe peu à peu
L’un des enjeux de la réussite du projet a été son acceptabilité par les riverains, malgré les six réunions de concertation prévues en amont. Lors de la visite proposée dans le cadre de Vegetal Connect, Steven Courtois, qui a suivi le chantier pour la Ville d’Angers, a abordé ce point. « Les gens y voyaient l’extension de leur jardin ! Mais lorsqu’on leur a dit qu’on allait ramener des usagers, ils ont eu un peu peur de perdre leur tranquillité. Ils ont également pensé que leur maison allait perdre de la valeur. Ils n’ont plus ce sentiment aujourd’hui ! » D’autres craintes ont été émises : la présence de moustiques ou de grenouilles dans les noues, entre autres. L’aspect esthétique des prairies fleuries a parfois aussi été montré du doigt, malgré une bande de transition maintenue tondue tout le long de l’allée centrale. Il faut dire que le jardin du Mail, qui prolonge le site, est beaucoup plus classique et le contraste est fort entre les deux aménagements ! Autre exemple des difficultés à faire accepter le projet : le choix des arbres prévus pour chaque placette. La Ville aurait aimé installer des fruitiers. Les riverains ont refusé, de peur de voir les sols tachés par les fruits, d’avoir des nuisances d’insectes…
Après trois années de vie du site, ces problèmes sont en grande partie oubliés : « En 2015, l’appropriation de la nature en ville était peu intégrée. La succession d’étés chauds et la crise sanitaire ont changé le regard des gens », estime Steven Courtois. Le service des espaces verts réfléchit à une gestion plus pointue des prairies fleuries, mais préfère miser sur le positif : avoir réussi à végétaliser, à hauteur de 70 % de la surface au sol, un lieu qui ne comportait que des arbres, plutôt que de céder aux désirs de certains d’avoir des massifs d’annuelles !
Pascal Fayolle*Voies et réseaux divers.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :